Focus vs contraste : Différence entre versions

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On a proposé que toute accentuation (tout pitch accent de l’anglais) reçoive une interprétation contrastive. Plus exactement, une interprétation plus ou moins contrastive selon que l’ensemble d’alternatives qu’elle est censé évoquer est plus ou moins saillant dans le contexte et que sa réalisation phonétique est plus ou moins marquée. « Grossièrement, tout pic sémantique (''every semantic peak'') est contrastif. A l’évidence, dans ''Let's have a picnic'' (''faisons un picnic''), présenté comme une suggestion ‘out of the blue’, il n’y a pas de contraste spécifique avec ''diner'', mais il y a un contraste entre faire un picnic et tout autre activité que pourrait faire le groupe. Plus on limite les alternatives, plus on se rapproche de ce qu’on pense être un accent contrastif » (Bolinger, 1961: 87). Si on adopte ce point de vue, on doit analyser la prosodie des constituants porteurs de pitch accent dans (1)-(3) ci-dessus de manière unifiée.
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Cette analyse est au coeur de l’analyse que Jackendoff 1972 donne de l’articulation [[fond|fond focus]]: le constituant en focus [..] « doit être choisi de manière à ce que soit définie une classe cohérente de contrastes possibles avec le focus, des fragments d’information sémantique (''pieces of semantic information'') qui aurait pu prendre facilement la place du focus dans la phrase, dans les limites fixées par la langue, le discours et le contexte » (Jackendoff 1972 : 243). Elle constitue ce que Rooth modélise dans le cadre de la sémantique des alternatives * : « J’ai défendu l’idée que le focus prosodique (intonational focus) en anglais a un sens uniforme, qui peut être relié à la notion intuitive de contraste à l’intérieur d’un ensemble d’alternatives. Ce qui permet de donner une interprétation uniforme du focus, c’est un principe interprétatif qui introduit une variable, conçue comme un élement ou un ensemble d’éléments contrastifs » (Rooth, 1992 : 113).
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==Toute accentuation n’est pas contrastive==
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De façon contemporaine, certaines analyses de l’accentuation en anglais distinguent des types d’accentuation selon qu’ils sont intrinsèquement contrastifs ou non. On prend ici deux exemples.
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Halliday (1967: 207) observe que l'accent nucléaire (associé au marquage du focus informationnel) ne tombe pas sur le dernier constituant de l'énoncé comme on s’y attendrait, quand celui-ci appartient à un ''système clos'' (4). Halliday appelle système clos un paradigme lexical contenant peu de membres (mots grammaticaux ou famille lexicale de petite taille).
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| || c. || John painted the SHED yesterday (ibid.: 208)
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Version du 17 août 2006 à 10:21


par Jean-Marie Marandin


On présente dans cette fiche les relations entre les notions de focus * et de contraste * telles qu’elles émergent des analyses de l’accentuation en anglais. Il est acquis dans la linguistique des années 1960 que les constituants distingués par une mise en majuscules de (1) à (3) présentent une saillance prosodique, qui est appelé focus, et dont l’interprétation pose problème : la question est de savoir si le focus (prosodique) est nécessairement interprété de façon contrastive au sens où son interprétation met en jeu la mise en relation de ce qui est distingué prosodiquement avec des éléments in absentia, qu’on appelle des alternatives.

(1) A: Who did Paul introduce to Sue ?
Qui Paul a-t-il présenté à Sue
B: a. Paul introduced BILL to Sue
b.# Paul introduced Bill to SUE
(2) a. Paul only introduced BILL to Sue
Paul a présenté Bill seulement à Sue
b. Paul only introduced Bill to SUE
Paul a présenté Bill à Sue seulement
(3) A.: Sally made the hamburgers
Sally a préparé les hamburgers
B.: ROnald made the hámburgers (Chafe 1976 : 35)
(non) Ronald a préparé les hamburgers

Tout focus (prosodique) est contrastif

On a proposé que toute accentuation (tout pitch accent de l’anglais) reçoive une interprétation contrastive. Plus exactement, une interprétation plus ou moins contrastive selon que l’ensemble d’alternatives qu’elle est censé évoquer est plus ou moins saillant dans le contexte et que sa réalisation phonétique est plus ou moins marquée. « Grossièrement, tout pic sémantique (every semantic peak) est contrastif. A l’évidence, dans Let's have a picnic (faisons un picnic), présenté comme une suggestion ‘out of the blue’, il n’y a pas de contraste spécifique avec diner, mais il y a un contraste entre faire un picnic et tout autre activité que pourrait faire le groupe. Plus on limite les alternatives, plus on se rapproche de ce qu’on pense être un accent contrastif » (Bolinger, 1961: 87). Si on adopte ce point de vue, on doit analyser la prosodie des constituants porteurs de pitch accent dans (1)-(3) ci-dessus de manière unifiée.


Cette analyse est au coeur de l’analyse que Jackendoff 1972 donne de l’articulation fond focus: le constituant en focus [..] « doit être choisi de manière à ce que soit définie une classe cohérente de contrastes possibles avec le focus, des fragments d’information sémantique (pieces of semantic information) qui aurait pu prendre facilement la place du focus dans la phrase, dans les limites fixées par la langue, le discours et le contexte » (Jackendoff 1972 : 243). Elle constitue ce que Rooth modélise dans le cadre de la sémantique des alternatives * : « J’ai défendu l’idée que le focus prosodique (intonational focus) en anglais a un sens uniforme, qui peut être relié à la notion intuitive de contraste à l’intérieur d’un ensemble d’alternatives. Ce qui permet de donner une interprétation uniforme du focus, c’est un principe interprétatif qui introduit une variable, conçue comme un élement ou un ensemble d’éléments contrastifs » (Rooth, 1992 : 113).

Toute accentuation n’est pas contrastive

De façon contemporaine, certaines analyses de l’accentuation en anglais distinguent des types d’accentuation selon qu’ils sont intrinsèquement contrastifs ou non. On prend ici deux exemples.


Halliday (1967: 207) observe que l'accent nucléaire (associé au marquage du focus informationnel) ne tombe pas sur le dernier constituant de l'énoncé comme on s’y attendrait, quand celui-ci appartient à un système clos (4). Halliday appelle système clos un paradigme lexical contenant peu de membres (mots grammaticaux ou famille lexicale de petite taille).

(4) a. He HURT himself
il s’est blessé lui-même
b. Why don't they PLAY together (Halliday, 1967: 207)
pourquoi ne joue-t-il pas ensemble
c. John painted the SHED yesterday (ibid.: 208)
John a peint l’abri hier