Méronomies : Différence entre versions
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Winston et Chaffin (1987) distinguent six types de méronomies basés sur une différenciation de la cohésion spatiale du tout par rapport aux parties, de la dissimilarité entre parties et tout ou des différences de fonctionalités. | Winston et Chaffin (1987) distinguent six types de méronomies basés sur une différenciation de la cohésion spatiale du tout par rapport aux parties, de la dissimilarité entre parties et tout ou des différences de fonctionalités. | ||
Les six sous-classes ci-dessous font l'objet d'un relatif consensus et sont relativement simples à mettre en oeuvre: | Les six sous-classes ci-dessous font l'objet d'un relatif consensus et sont relativement simples à mettre en oeuvre: | ||
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+ | # portion - totalité: cette classe caractérise les situations où il y a une totale similarité entre le sparties et la totalité. Les limites entre parties sont arbitraires et les parties n'ont pas a priori de fonction particulière par rapport au tout. Cette sous-classe est souvent appelée méréologie. Dans cette classe, nous avons des exemples tels que: tranche-pain, centimètre-mètre. | ||
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==Les méronomies, le TAL et la représentation des connaissances== | ==Les méronomies, le TAL et la représentation des connaissances== |
Version du 11 mai 2006 à 12:52
par Patrick Saint-Dizier |
Sommaire
Situation
Les Méronomies décrivent essentiellement ce qui est plus connu sous le nom de relation partie-tout. Cette relation est relativement complexe à caractériser dès lors que l'on veut pouvoir préciser les différents degrés et niveaux de différenciation entre les parties et le tout. Ainsi, des notions, parfois un peu vagues ou difficiles à définir telles que la cohésion spatiale entre parties et tout, le degré de différenciation spatiale (cette partie est-elle visuellement bien identifiable par rapport au tout, comme, par exemple, peut l'être la tête par rapport au coprs humain vu dans sa globalité), la différenciation fonctionelle (les fonctions des parties se différencient-elles, et dans quelle mesure, de la fonction du tout, comme, par exemple, la carosserie d'une voiture par rapport à celle-ci). De la même manière le niveau de discrimination spatiale et fonctionelle entre les parties est-il crucial. Les structures engendrées par cette relation sont appelées des méronomies
Les méronomies s'appliquent a priori à n'importe quelle catégorie lexicale. cependant les cas les plus fréquents concernent les noms, en particulier concrets, et, dans une moindre mesure, les verbes relatant des événements complexes qui se trouvent décomposés en parties représentant leurs sous-événements. Dans ce dernier cas, des considérations temporelles complémentaires sont souvent à considérer, qui sortent probablement du cadre définitionel strict de la méronomie. Les méronomies peuvent être caractérisées, peut-être de façon un peu restrictive, par l'un des tests linguistiques suivants:
A est une partie de B si et seulement si l'un des deux tests suivants s'applique:
B a A (ou bien B a un A, B possède un A, etc.)
A est une partie de B
Quelques propriétés
Présentons maintenant quelques propriétés, plutôt informelles, des méronomies qui sont essentielles à considérer dès lors que l'on souhaite décrire des connaissances (par exemple sous forme d'une ontologie) qui soient un tant soit peu réalistes.
Deux propriétés sont essentielles. Tout d'abord le caractère obligatoire ou facultatif de la partie par rapport au tout. En d'autres termes, l'absence de la partie est-elle contingente ou remet-elle en cause la totalité ? Si une voiture sans carosserie n'est probablement plus une voiture, un ordinateur sans lecteur de disquette demeure un ordinateur. Nos exemples évoquent aussi des notions telles que la prototypicalité, qui font que certaines parties sont plus centrales que d'autre dans l'intégrité de l'objet.
Une seconde propriété concerne la cardinalité prototypique des parties: le corps humain a deux jambes, une voiture a quatre roues. Ce point est rarement abordé dans les descriptions et pourtant il peut être un facteur discriminant important. De la même manière que ci-dessus, se pose aussi la question de la prototypicalité. S'il manque un élément, l'objet demeure-t-il ce qu'il est ? demeure-t-il fonctionnel ? Une main à 4 doigts demeure structurellement et fonctionellement une main, qu'en est-il d'un vélo à une roue au lieu de deux ?
Dans un autre ordre d'idées, les méronomies présentent, au cas par cas, des formes faibles d'héritage ascendant des paires propriétés-valeur, liées, encore une fois, à des considérations de prototypicalité. Par exemple, la couleur de la carosserie d'une voiture sera héritée comme la couleur d'une voiture. Ces cas sont cependant isolés et ne peuvent être généralisés. Le point intéressant est l'héritage qui est ascendant, contrairement à celui des taxonomies.
Enfin, une dernière propriété, fort débattue, est celle de la transitivité: Si C est une partie de B et B une partie de A, peut-on dire que C est une partie de A ? D'un point de vue strictement logique, oui. D'un point de vue linguistique, ceci est moins simple. Considérons l'exemple donné dans (Cruse 86): la poignée est une partie d'une porte, une porte est une partie d'une pièce, peut-on alors dire que la poignée est une partie de la pièce ? De la même manière avec le triplet: pneu - roue - voiture: si le pneu est logiquement une partie d'une voiture, peut-on pour autant dire que le pneu est une partie d'une voiture ? Il semble que non dans les deux cas, l'expression est étrange. Cruse propose une explication qui restreint la transitivité en utilisant la notion de domaine fonctionel. La fonction du pneu par rapport à la roue est différente de celle de la roue par rapport à la voiture: les fonctions étant différentes, il ne peut y avoir de transitivité, au moins linguistique.
Six types de méronomies
Winston et Chaffin (1987) distinguent six types de méronomies basés sur une différenciation de la cohésion spatiale du tout par rapport aux parties, de la dissimilarité entre parties et tout ou des différences de fonctionalités. Les six sous-classes ci-dessous font l'objet d'un relatif consensus et sont relativement simples à mettre en oeuvre:
- composant - objet intégral: cette classe caractérise les cas où il y a une relation structurelle et fonctionelle claire entre le tout et ses parties: clavier-ordinateur, phonologie-linguistique,
- membre - ensemble ou groupe: cette classe inclut les cas où il n'y a pas nécéssairement une relation structurelle ou fonctionelle entre les parties et le tout. Les parties sont distinctes, mais sont apparentées, comme dans: arbre-forêt, étudiant-formation,
- portion - totalité: cette classe caractérise les situations où il y a une totale similarité entre le sparties et la totalité. Les limites entre parties sont arbitraires et les parties n'ont pas a priori de fonction particulière par rapport au tout. Cette sous-classe est souvent appelée méréologie. Dans cette classe, nous avons des exemples tels que: tranche-pain, centimètre-mètre.