Antonymie
Sommaire
Définition générale
Dans la tradition lexicographique, les antonymes sont définis comme des mots de sens contraire, et, comme tels, ils paraissent opposés aux synonymes. Mais cette définition est vague à plus d'un titre. D'une part, la notion considérée comme centrale porte tant de noms différents qu'il semble nécessaire de tenter de mettre de l'ordre : contraire, négation, opposition, inversion... D'autre part, l'antonymie partage plusieurs traits avec la synonymie : (1)~elle suppose des points communs (sèmes) entre antonymes, et (2)~elle existe massivement sous la forme dite partielle : les termes polysémiques peuvent entrer, selon leur sens, dans plusieurs couples antonymiques.
Nous commençons par revenir sur la négation (logique) pour voir en détail comment elle permet de définir précisément la relation antonymique (§~\ref{secNegation}). Alors équipés des notions d'incompatibilité et de complémentarité, nous pourrons faire intervenir la seconde notion centrale, la scalarité (§~\ref{secScalarite}), avant de considérer une notion de réciprocité et son lien lointain avec la négation (§~\ref{secReciprocite}).
Pour circonvenir ce qui relève de la morphologie et ce qui relève de la lexicologie, divers auteurs commencent implicitement ou explicitement \cite{duchacek65.cl,martin76,kocourek82} par distinguer une notion d'\textsl{antonymie grammaticale}, où l'un des termes de la paire est morphologiquement marqué par un préfixe (\textit{in-}, \textit{dé-}, \textit{dis-}, etc.) ou une particule (\textit{non}), et la notion d'\textsl{antonymie lexicale}, pour laquelle on ne retrouve pas ce genre de marque. Il faut cependant noter que cette distinction formelle ne correspond pas aux différents cas d'antonymie que nous allons détailler. Nous l'ignorons donc dans la suite de ce texte.