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La notion de donné (''given'') est définie pour rendre compte du phénomène de désaccentuation en prosodie et pour raffiner l'analyse du fond *. Elle a reçue deux types de définitions.
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La notion de donné (''given'') est définie pour rendre compte du phénomène de désaccentuation en prosodie et pour raffiner l'analyse du [[fond]]. Elle a reçue deux types de définitions.
  
  
La première met au premier plan le fait d’être répété. Est donné un XP qui répète un XP du contexte qui précéde immédiatement. C'est la notion descriptivement adéquate pour rendre compte du phénomène de déaccentuation qui est admis en prosodie de l’anglais. Par exemple, le terme ''shirt'' reçoit normalement l'accent nucléaire dans (1b), il ne peut le reçevoir en (1d) car il est déjà mentionné dans le contexte:
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La première met au premier plan le fait d’être répété. Est donné un XP qui répète un XP du [[contexte]] qui précéde immédiatement. C'est la notion descriptivement adéquate pour rendre compte du phénomène de déaccentuation qui est admis en prosodie de l’anglais. Par exemple, le terme ''shirt'' reçoit normalement l'accent nucléaire dans (1b), il ne peut le reçevoir en (1d) car il est déjà mentionné dans le contexte:
  
 
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Les secondes sont sémantiques. On ne présente ici que la définition de Beyssade et al. 2003 & 2004 (voir aussi Schwarzschild 1999). Elle repose sur la notion de thème de discours * (TD) telle que la définit Büring 1997. Est donné le XP qui apparaît dans la proposition ouverte qui exprime le contenu commun du TD. Par exemple, Marandin 2004 propose d'analyser l'inversion libre des langues romanes non pas par le statut focal du GN sujet, mais par le statut donné du GV. Ce qui permet de rendre compte du contraste entre (3) et (4).
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Les secondes sont sémantiques. On ne présente ici que la définition de Beyssade et al. 2003 & 2004 (voir aussi Schwarzschild 1999). Elle repose sur la notion de [[thème de discours]] (TD) telle que la définit Büring 1997. Est donné le XP qui apparaît dans la proposition ouverte qui exprime le contenu commun du TD. Par exemple, Marandin 2004 propose d'analyser l'inversion libre des langues romanes non pas par le statut [[focus|focal]] du GN sujet, mais par le statut donné du GV. Ce qui permet de rendre compte du contraste entre (3) et (4).
  
 
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On peut expliciter le TD défini par la question en (3) comme l'ensemble de propositions susceptibles de la résoudre (5a) ; la proposition ouverte (5b) représente le contenu donné, c'est-àdire le contenu commun du TD {{nbpa|1}}. Comme l’explicite (5b), le GV est donné : l'inversion est appropriée.
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On peut expliciter le TD défini par la question en (3) comme l'ensemble de propositions susceptibles de la résoudre (5a) ; la [[proposition ouverte]] (5b) représente le contenu donné, c'est-àdire le contenu commun du TD{{nbpa|1}}. Comme l’explicite (5b), le GV est donné : l'inversion est appropriée.
  
 
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On peut subsumer le premier type de définition sous le second et conserver la généralisation selon laquelle les XP donnés ne sont pas accentués. On observera que la notion de donné n'est pas à proprement parler informationnelle, mais discursive. Elle ne correspond à aucune des partitions de la structure informationnelle * traditionnellement postulées.
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On peut subsumer le premier type de définition sous le second et conserver la généralisation selon laquelle les XP donnés ne sont pas accentués. On observera que la notion de donné n'est pas à proprement parler informationnelle, mais discursive. Elle ne correspond à aucune des partitions de la [[structure informationnelle]] traditionnellement postulées.
  
 
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==Références==
 
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* Beyssade Claire, Jean-Marie Marandin & Annie Rialland, 2003, “Ground/focus revisited. A perspective from French", ''Proceedings of LSRL 2001'', John Benjamins.
  
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* Beyssade Claire et al., 2004, Prosody and information, [Corblin Francis & de Swart Henriëtte, eds], ''Handbook of French semantics'' : 777-500, Stanford : CSLI.
 
 
* Beyssade Claire et al., 2004, Prosody and information, [Corblin Francis & de Swart Henriëtte, eds], Handbook of French semantics, : 777-500, Stanford : CSLI.
 
  
 
* Büring, Daniel, 1997, ''The Meaning of Topic and Focus: The 59th Street Bridge Accent''. London: Routledge.
 
* Büring, Daniel, 1997, ''The Meaning of Topic and Focus: The 59th Street Bridge Accent''. London: Routledge.
  
* Marandin Jean-Marie, 2003, Inversion du sujet et discours dans les langues romanes, [Godard Danièle, ed.] Les langues romanes : 345-392, Paris : Editions du CNRS.
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* Marandin Jean-Marie, 2003, Inversion du sujet et discours dans les langues romanes, [Godard Danièle, ed.] ''Les langues romanes'' : 345-392, Paris : Editions du CNRS.
  
* Schwarzschild Roger, 1999, Givneness, AvoidF and other contraints on the placement of accent, Natural language semantics : 141-177.
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* Schwarzschild Roger, 1999, Givneness, AvoidF and other contraints on the placement of accent, ''Natural Language Semantics'' : 141-177.
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Version actuelle datée du 7 octobre 2021 à 14:28


par Jean-Marie Marandin

La notion de donné (given) est définie pour rendre compte du phénomène de désaccentuation en prosodie et pour raffiner l'analyse du fond. Elle a reçue deux types de définitions.


La première met au premier plan le fait d’être répété. Est donné un XP qui répète un XP du contexte qui précéde immédiatement. C'est la notion descriptivement adéquate pour rendre compte du phénomène de déaccentuation qui est admis en prosodie de l’anglais. Par exemple, le terme shirt reçoit normalement l'accent nucléaire dans (1b), il ne peut le reçevoir en (1d) car il est déjà mentionné dans le contexte:

(1) a. A. : What did Mary give to Paul?
b. B. : She gave him a red SHIRT
c. A. : And to John ?
d. B. : She gave him a BLUE shirt (# SHIRT)

Les secondes sont sémantiques. On ne présente ici que la définition de Beyssade et al. 2003 & 2004 (voir aussi Schwarzschild 1999). Elle repose sur la notion de thème de discours (TD) telle que la définit Büring 1997. Est donné le XP qui apparaît dans la proposition ouverte qui exprime le contenu commun du TD. Par exemple, Marandin 2004 propose d'analyser l'inversion libre des langues romanes non pas par le statut focal du GN sujet, mais par le statut donné du GV. Ce qui permet de rendre compte du contraste entre (3) et (4).

(3) It. A: Qui a peint la table ?
B: a. L'ha dipinto Maria.*
b. # Maria l'ha dipinto
Marie l'a peint ..
(4) A: Qui a peint la table ?
B: a. Maria l'ha scrotato.
b. # L'ha scrotato Maria.
Marie l'a poncée, (Pierre a préparé la peinture, etc.)

On peut expliciter le TD défini par la question en (3) comme l'ensemble de propositions susceptibles de la résoudre (5a) ; la proposition ouverte (5b) représente le contenu donné, c'est-àdire le contenu commun du TD1. Comme l’explicite (5b), le GV est donné : l'inversion est appropriée.

(5) a. TD : {Marie a peint la table, Pierre a peint la table, ...}
b. Contenu donné : x a-peint la-table

En (4), la réponse n'est pas congruente, c’est une réponse partielle. Büring propose d'analyser ce type de réponse en introduisant une question intermédiaire (qui a poncé la table ?) dans la structure du discours, cette question définit un sous-thème dans le thème global défini par la question initiale (4A). Intuitivement, le locuteur envisage différents aspects du procès global de peinture de la table. On peut alors expliciter le TD comme un ensemble d'ensembles de propositions (correspondant aux dénotations de la question initiale et de la question intermédiaire), ce qui est explicité en (6a). Le contenu commun du TD est représenté en (6b). Dans ce cas, le verbe n'appartient pas au contenu donné, le GV en son entier n’est pas donné : l'inversion du sujet n'est pas possible.

(6) a. TD : { {Marie a poncé la table, Pierre a poncé la table, ...} {Marie a repeint la table, Paul a repeint la table, ...},...}
b. Donné : x P la-table

On peut subsumer le premier type de définition sous le second et conserver la généralisation selon laquelle les XP donnés ne sont pas accentués. On observera que la notion de donné n'est pas à proprement parler informationnelle, mais discursive. Elle ne correspond à aucune des partitions de la structure informationnelle traditionnellement postulées.

Notes

1 Pour faciliter la lecture, j'adopte une écriture informelle. Les propositions sont représentées par les énoncés qui les véhiculent. La proposition ouverte est représentée comme une phrase en français où les variables sont présentées en italique et les constantes en gras.

Références

  • Beyssade Claire, Jean-Marie Marandin & Annie Rialland, 2003, “Ground/focus revisited. A perspective from French", Proceedings of LSRL 2001, John Benjamins.
  • Beyssade Claire et al., 2004, Prosody and information, [Corblin Francis & de Swart Henriëtte, eds], Handbook of French semantics : 777-500, Stanford : CSLI.
  • Büring, Daniel, 1997, The Meaning of Topic and Focus: The 59th Street Bridge Accent. London: Routledge.
  • Marandin Jean-Marie, 2003, Inversion du sujet et discours dans les langues romanes, [Godard Danièle, ed.] Les langues romanes : 345-392, Paris : Editions du CNRS.
  • Schwarzschild Roger, 1999, Givneness, AvoidF and other contraints on the placement of accent, Natural Language Semantics : 141-177.