Conservativité

De Sémanticlopédie
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par Lucia Tovena
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Définition

La conservativité est une contrainte sur la dénotation des déterminants dans les langues naturelles dont une définition est donnée en (1). Elle a été proposée dans le cadre de la théorie de la quantification généralisée (Barwise and Cooper, 1981; van Benthem, 1983), comme une propriété universelle des déterminants. Keenan and Stavi (1986) ont démontré la puissance de cette contrainte, qui élimine une grande partie des possibilités d'associer des dénotations de NP avec des propriétés.

(1) Conservativité :
Un déterminant D satisfait la contrainte de conservativité si et seulement si pour tout A, BE :
DE AB ssi DE A (AB ).

Un quantificateur généralisé est une relation D entre deux ensembles A et B , sous-ensembles de l'univers de discours E , qui satisfont certaines conditions spécifiques. On appelle A le restricteur et B le noyau ou la portée. Un déterminant qui satisfait la contrainte de conservativité utilise le restricteur comme son univers local. En (2) pour connaître si chaque danseuse sourit il est suffisant de connaître quels individus sont des danseuses et qui d'entre elles sourient. En particulier, on n'a besoin de rien savoir sur les individus qui ne sont pas des danseuses.

(2) Chaque danseuse sourit


Figure 1: Conservativité


La Figure 1 donne une représentation graphique de l'effet de cette contrainte. Nous exprimons par une ligne en pointillé le fait que la partie de l'ensemble B qui n'est pas en commun avec A n'a pas d'importance et n'intervient pas dans l'évaluation. Seuls comptent A et la partition dans A introduite par l'intersection avec B.


Exceptions potentielles

Comme exemple possible de violation à cette contrainte, on cite toujours les cas de l'anglais only (seulement) et mostly (principalement). La phrase en (3a) signifie que l'ensemble des personnes qui sont venues est constitué exclusivement d'enfants. Ce qui revient à une affirmation qui concerne la totalité de l'ensemble de ceux qui viennent et non seulement sur l'ensemble des enfants qui sont venus. Il en va de même pour mostly en (3b), mutatis mutandis. De ce fait, only et mostly sont une exception à la conservativité car, pour pouvoir les évaluer, il est nécessaire de connaître l'ensemble B en entier et non pas seulement la partie qu'il a en commun avec A.

(3) a. Only children came
Seulement les enfants sont venus
b. Mostly children came
Principalement des enfants sont venus

Cependant, une analyse de only et mostly en tant que déterminants ne fait pas l'unanimité. De plus, leurs équivalents n'ont pas un comportement de déterminant dans toutes les langues.

Ensuite, comme il sera discuté dans la section 3, il y a eu récemment plusieurs propositions d'analyse qui ne remettent pas vraiment en cause la conservativité, mais qui en utilisent une forme modifiée qui consiste à dire qu'elle peut être satisfaite de différentes manières selon que le premier ou le deuxième arguments fonctionnent comme univers local de quantification. Donc, à la définition donnée en (1) (qui devient Conservativité sur l'argument de gauche) on ajoute celle en (4).

(4) Conservativité sur l'argument droit :
Un déterminant D satisfait la contrainte de conservativité sur son argument droit si et seulement si pour tout A, BE :
DE AB ssi DE AB (B).

Propriétés linguistiques

Pour vérifier que un déterminant satisfait la conservativité on vérifie que (5a) et (5b) doivent toujours avoir la même valeur de vérité (en modifiant le nombre où nécessaire).

(5) a. Det ministre est une avocate
b. Det ministre est une ministre et une avocate à la fois

Ce principe universel met en évidence le rôle principal que le premier argument joue dans l'évaluation du déterminant. Il peut être considéré comme une propriété de l'interface entre syntaxe et sémantique, car il enregistre le fait que les occurrences pertinentes de déterminants en langage naturel ont la forme (Det N) VP, comme en (2), et que donc le constituent syntaxique avec lequel un déterminant se combine directement joue le rôle de restricteur.

Cette contrainte est aussi considerée exprimer la présupposition d'un domaine non vide usuellement associée au restricteur. Partee (1991) a remarqué qu'il y a des corrélations entre le background d'une phrase (le topique) et le restricteur d'un coté, et le focus et le noyau de l'autre.


Modifications à la conservativité

Des modifications à la conservativité ont été proposées pour analyser différents phénomènes. Il s'agit de caractériser une lecture d'un item, le cas de many mais aussi (la lecture faible de) la classe de déterminants qui figurent dans les constructions existentielles, un choix d'item dans le cas des existentielles négatives averbales, et *** déterminants exceptifs.

Focalisation

Westerståhl (1985) discute de l'anglais many (beaucoup de) comme un possible contre-exemple à l'universalité de la conservativité. Dans son exemple (6) il exploite la capacité de la focalisation d'affecter les conditions de vérité d'une phrase. Lorsque Scandinavians est interprété comme le restricteur, la phrase signifie que le nombre des scandinaves qui ont reçu le prix Nobel pour la litérature est important, cf. la paraphrase en (6a), et many se comporte comme un déterminant conservatif. En revanche, pour obtenir l'interprétation selon laquelle un grand nombre de ceux qui ont reçu le prix Nobel de la litérature sont des scandinaves, voir (6b), be a winner of the Nobel prize in literature doit être utilisé comme le restricteur. Dans ce cas la prosodie signale le shift.

(6) Many Scandinavians have won the Nobel prize in literature
a. parmi les scandinaves, un grand nombre a reçu le prix Nobel de la litérature
b. parmi ceux qui ont reçu le prix Nobel de la litérature, un grand nombre étaient des scandinaves

Phrases existentielles

Keenan (2003) utilise le conservativité à droite pour rendre compte de l'effet de définitude, plus exactement de la distribution des DP dans les constructions existentielles en anglais. Il avance que les déterminants qui figurent dans des there-constructions décident leur vérité en limitant leur univers à l'ensemble dénoté par la coda. Le fait de satisfaire la conservativité sur l'argument droit est présenté comme une caractéristique d'une classe de déterminants, mais en réalité on caractérise les occurrences des membres d'une classe dans une de leurs lectures.

Phrases existentielles négatives averbales

Tovena (2004) utilise aussi l'idée que la contrainte de conservativité peut être satisfaite dans des façons qui intéragissent avec l'articulation de l'information. Le choix entre les mots-NC nessuno (aucun) et niente (pas de) dans les phrases averbales de l'italien, voir (7), marque ouvertement l'adoption de perspectives différentes sur la situation decrite par la phrase. Les différences interprétives qui suivent montrent que la satisfaction de la conservativité se fait sur l'argument gauche dans le premier cas et sur celui de droite dans le deuxième. Dans ce cas la satisfaction à droite ne permet pas une généralisation sur les existentielles négatives, bien que les phrases averbales en général exhibent l'effet de définitude.

(7) Nessun testimone intorno a lei
(il n'y avait) aucun témoin autour d'elle
(8) Niente processo per la truppa (13/9/2003IM)
(il n'y aura) pas de procès pour les troupes


Déterminants exceptifs

Zuber (2003) (à dévélopper)


Références

  • Barwise, J. and R. Cooper (1981). Generalized quantifiers and natural language. Linguistics and Philosophy 4, 159­–219.
  • van Benthem, J. (1983). Determiners and logic. Linguistics and Philosophy 6, 447–­478.
  • Keenan, E. and J. Stavi (1986). A semantic characterization of natural language determiners. Linguistics and Philosophy 9, 253­–326.
  • Keenan, E. L. (2003). The definiteness effect: Semantics or pragmatics? Natural Language Semantics 11, 187­–216.
  • Partee, B. H. (1991). Topic, focus and quantification. In Proceedings of SALT, Volume 1, pp. 159–­187.
  • Tovena, L. M. (2004). Negative quantification and existential sentences. In I. Comorovski and K. von Heusinger (Eds.), Existence: Semantics and syntax, pp. ­– . Amsterdam: Kluwer. à paraître.
  • Westerståhl, D. (1985). Determiners and context sets. In J. van Benthem and A. ter Meulen (Eds.), Generalized Quantifiers in Natural Language, pp. 45­–71. Doredrecht: Foris Publications.
  • Zuber, R. (2003). A class of non-conservative determiners in Polish. ms. CNRS.