Thème de phrase

De Sémanticlopédie
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par Jean-Marie Marandin


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La notion de thème de phrase (aussi désignée par les termes topic de phrase, thème phrastique) est à peu près aussi équivoque que celle de focus. Elle est empruntée à la tradition logique et, de ce fait, privilégie le contenu sémantique de la phrase. En cela, elle se différencie de la notion de focus qui, dans quasiment tous ses emplois, renvoie à un aspect de la forme (généralement relevant de la prosodie). Elle s'applique toujours à un constituant de l'énoncé ou bien à sa dénotation ; elle est prioritairement associée au groupe nominal défini (et aux individus qu'il dénote). C'est ce qui la différencie de la notion de thème de discours, qui ne correspond pas nécessairement à un constituant dans un énoncé.

Dans cet article, on rappelle dans la première section les phénomènes qui sont censés motiver le recours à la notion de thème de phrase. Puis, on expose les trois principales définitions de thème de phrase :

On présentera à chaque fois les faits récalcitrants ou les défauts de conception, qui devraient amener à la plus grande méfiance face à la notion de thème de phrase.


Principaux phénomènes motivant le recours à la notion de thème de phrase

On a recours à la notion de thème de phrase pour décrire et/ou analyser des phénomènes relevant : (a) de l'ordre des mots, (b) de la prosodie (quoique moins centralement que pour la notion de focus) et (c) de l'interprétation des énoncés.

Ordre des mots

La notion de thème de phrase est mobilisée (en particulier dans l'analyse des langues romanes) pour rendre compte du placement à gauche du verbe tensé des constituants de l'énoncé. On l'emploie, par exemple, pour analyser le placement préverbal (vs post-verbal) du sujet dans les langues romanes (1) ou bien les phénomènes d'extraction (2a) ou de dislocation gauche (2b).

(1) Italien : a. Gianni é venuto
b. É venuto Gianni
Gianni est venu
(2) a. A Marie, je ne peux rien refuser
b. Marie, je ne peux rien lui refuser

On emploie négativement la notion de thème de phrase pour caractériser certains tours qu'on appelle présentatifs (Jacobs 2001 emploie le terme antitopic à leur propos) : on dit que Marie dans (3) ne peut pas être un thème de phrase et que cela est dû aux constructions dont relèvent les énoncés de (3).

(3) a. J'ai Marie qui me fait une grippe
b. Voici Marie qui me fait encore une grippe

Commentaire : Il semble qu'on puisse affirmer que le contraste préverbal vs postverbal en (1) ne peut pas être réduit à un contraste thème/non-thème (entre autres, Sasse 1987, Marandin 2003). On n'a jamais montré que les constituants à Marie et Marie dans (2a) et (2b) ont un comportement sémantique suffisamment proche pour justifier qu'on les regroupe sous une même catégorie indépendamment du fait qu'ils apparaissent en tête d'énoncé. A rebours, s'il s'avérait qu'on puisse clairement distinguer d'un point de vue pragmatique ou discursif le constituant disloqué (2a) et le constituant détaché (2b), la notion de thème de phrase serait inutile pour capter cette différence puisque précisément elle la gomme. Enfin, pour (3), la littérature pragmatique est ambiguë quand elle décrit le fonctionnement discursif des constructions dont relèvent ces énoncés, puisqu'elle admet généralement qu'ils ont pour fonction de promouvoir le référent de discours, le référent introduit par le GN Marie en (3), au statut de thème pour l'énoncé ou le discours en cours.

Prosodie

Il y a traditionnellement deux phénomènes prosodiques que l'on a cherché à décrire en termes de thème de discours :

  • la déaccentuation, plus exactement la réduction des phénomènes relevant de la fréquence fondamentale, qui caractériserait la portion de l'énoncé correspondant au thème de phrase,
  • un certain type d'accentuation, dont le prototype est l'accent B proposé par Jackendoff 1972 pour rendre compte de la prosodie de l'anglais.

Commentaire : Il est bien sûr piquant de voir la même notion utilisée pour décrire / analyser deux phénomènes opposés (déaccentuation vs un type d'accentuation). Il est clair que le premier phénomène renvoie à des phénomènes de reprise contextuelle et qu'ils sont plus adéquatement traités dans le cadre de l'articulation fond-focus. De ce point de vue, la notion de thème de phrase est inutile. Quant à l'accent B et aux marques prosodiques qui lui ressemblent (ce que Jacobs 2001 appelle I-topicalization), il y a consensus pour les traiter dans le cadre du discours en cours. Là aussi, la notion de thème de phrase est inutile, voire dangereuse, car elle oriente vers un traitement intra-phrastique, alors qu'une approche du discours et du thème de discours est requise.

Sémantique

Selon Strawson (repris par Reinhart 1982, 2004), les deux énoncés de (4) donnent lieu à des jugements vériconditionnels distincts : l'énoncé (4a) n'est ni vrai ni faux car la présupposition d'existence déclenchée par la description définie le roi de France n'est pas vérifiée, alors que l'énoncé (4b) est faux.

(4) a. Le roi de France a visité l'exposition
b. L'exposition a été visitée par le roi de France

Strawson corrèle ce différentiel avec le fait que le roi de France est le thème de phrase en (4a) et non dans (4b). Seule la non-vérification des présuppositions déclenchées par le thème entraîne un défaut de valeur de vérité (truth value gap).

Commentaire : le statut du contraste illustré en (4) est douteux : il est douteux qu'il appartienne à la compétence linguistique des locuteurs. Du coup, on peut s'interroger sur la force du support empirique qu'il est censé apporter à la notion de thème.

Discursif

Reinhart (1982 : 26) signale un contraste qui lui paraît motiver la notion de thème. Il met en jeu l'interprétation d'expressions qui décrivent une attitude du locuteur face au contenu propositionnel de l'énoncé (surprisingly, it's strange that, it's no wonder that, etc.). Dans (5a), la situation décrite selon laquelle Carter envisage de boycotter les JO de Moscou n'est pas étonnante de Carter et l'énoncé apporte une information à propos de Carter, alors que dans (5b), la même proposition n'est pas étonnante des JO et apporte une information sur cette manifestation.

(5) a. As for Carter, it's no wonder that he is considering to withdraw the American athletes from

the Olympic games.

b. As for the Olympic games, it's no wonder that Carter is considering to withdraw the

American athletes from them.

Reinhart décrit ce contraste en employant la notion d'à-propos (aboutness) : (5a) est à propos de Carter alors que (5b) est à propos des JO de Moscou. On renforce l'observation en montrant que les continuations possibles ne sont pas également naturelles. Par exemple, une continuation centrée sur Carter et donnant un élément de justification de l'attitude exprimée centrée elle-aussi sur Carter comme He is such a naïve politician est beaucoup plus naturelle après (5a) que (5b).

(6) a. As for Carter, it's no wonder that he is considering to withdraw the American athletes from

the Olympic games. He is such a naïve politician

b. As for the Olympic games, it's no wonder that Carter is considering to withdraw the

American athletes from them. ?# He is such a naïve politician

Commentaire : la relation intuitive d'a-propos qui est en jeu dans (5) et (6) ne se limite pas à une relation binaire entre un thème et le contenu d'un énoncé (le commentaire), mais elle s'étend par delà l'énoncé, à un segment de discours (ce que Charolles 2003 appelle un fonctionnement cadratif). Ce que montrent ces exemples, c'est que l'analyse de GP en as for (quant à en français) nécessite que l'on prenne en compte l'organisation du discours. C'est ce que cherche à capter la notion moins ambiguë de perspective : perspective adoptée par le locuteur pour organiser l'enchaînement discursif.

Commentaire général

L'ensemble de phénomènes que l'on cherche à décrire / analyser avec la notion de thème est hétérogène. On peut douter qu'ils forment une classe naturelle. C'est sur la base d'un constat analogue que Jacobs 2001, qui est de loin le texte le plus pénétrant sur la notion de thème de phrase, propose d'analyser cette notion comme le simple indice d'une ressemblance de famille.


Définition informationnelle

La notion de thème (de phrase) est à l'origine définie en termes informationnels. On trouvera dans Reinhart 1982 la critique la plus synthétique de cette définition.

Le topic comme information ancienne

La définition informationnelle a deux versions : (a) le thème de phrase est associé à un référent de discours (dorénavant RD) ancien ou (b) une information ancienne. Ancien peut être pris soit au sens de « qui appartient au common ground » (hearer-old dans la terminologie de Prince 1981) soit « qui a été activé dans l'univers d'interaction immédiat » (discourse-old). Les contre-exemples ci-dessous sont pertinents quelle que soit la version adoptée.

Contre-exemples

On rappelle les principaux contre-exemples à cette analyse. En (7), himself apporte une information nouvelle (il correspond au focus informationnel de l'énoncé) et renvoie au RD associé à Felix qui est ancien. Un RD peut donc être à la fois ancien et nouveau. En (8), les groupes nominaux indéfinis, students in the science club (..) et a child of (..), qui apparaissent en début de discours, introduisent un RD nouveau. Ils sont néanmoins analysables comme des thèmes : en particulier, ils sont l'antécédent d'une anaphore régressive, qui est un diagnostic classique du statut de thème de phrase depuis Kuno 1972.

(7) [Who did Felix praised ?] Felix praised HIMSELF
(8) a. Because they wanted to know more about the ocean's current, students in the science club at Mark Twain Junior High School of Coney Islands gave ten bottles with return address cards inside to crewmen of one of New York City's sludge barge. (exemple (21a) de Reinhart 1982).
b. When she was five years old, a child of my acquaintance announced a theory that she was inhabited by rabbits. (exemple (21b) de Reinhart 1982)

La définition en termes d'information ancienne (b) est susceptible d'une critique plus radicale encore : elle porte sur l'emploi de la notion d'information. Le statut de thème phrastique doit s'appliquer à un constituant : il est difficile de voir en quoi un constituant considéré indépendamment peut constituer une information en lui-même (Lambrecht 1994 développe cette ligne de critique de façon particulièrement claire). On s'en tire quand on parle de groupes nominaux en disant que l'information concerne l'existence du RD (par exemple en (9a)), l'astuce est plus difficile quand il s'agit d'un constituant prédicatif (émigrer en (9b)). De toute manière, l'astuce sauvant les groupes nominaux n'a pas grand sens : en (9a), il est peu probable que l'information concernant l'existence de Marie soit pertinente dans le discours en cours

(9) a. Quant à Marie, elle ne viendra pas
b. Quant à émigrer, je n'ai pas encore pris de décision

Plus radicalement encore, cette définition ne permet pas de saisir ce qu'on veut caractériser.

Prenons (10) : si on attribue le statut de thème au GN disloqué les fleurs, c'est pour le distinguer des GN non disloqués Pierre et Marie. Le GN Marie est distinguable de Pierre et les fleurs : il résout la question. Mais, précisément, Pierre et les fleurs sont tous les deux anciens et rien dans l'idée d'ancienneté ne permet de les distinguer :

(10) [A qui Pierre a-t-il donné les fleurs ?]
Les fleurs, Pierre les a données à Marie

Commentaire : De fait, ce qui est appelé thème dans cette définition correspond à ce qui est analysé en termes de fond dans les théories qui posent une articulation fond-focus. Si on admet cette articulation, la notion de thème est inutile. On notera toute fois que l'articulation fond-focus ne fournit aucun outil pour analyser le statut différentiel de les fleurs par rapport à Pierre dans (10). C'est ce genre de problème que Vallduví 1992 veut résoudre en partitionnant le fond en link et tail.

Le thème et la notion d'à propos pragmatique (Reinhart 1982)

Définition

Reinhart propose de définir la notion de thème par une notion d'à propos pragmatique (pragmatic aboutness). La définition repose sur l'hypothèse que l'ensemble contextuel (context set) du locuteur (l'ensemble de ses présuppositions au sens de Stalnaker 1978) est structuré : les propositions qui le constituent sont rassemblées sous un certain nombre d'entrées. Cette conception s'appuie explicitement sur la métaphore de l'indexation d'un fonds de bibliothèque. Chaque livre, que l'on identifie aux propositions entrant dans la composition du fond commun (Common Ground), est rangé sous une (ou plusieurs) entrée(s), qui sont à l'origine des thèmes de phrase. La métaphore est justifiée par une proposition relevant du bon sens (universitaire) : l'indexation thématique permet d'accéder au contenu des livres de façon plus pertinente que l'ordre alphabétique des auteurs ou des titres. « Sentence- topics, within this view, are one of the means available in the language to organize, or classify the information exchanged in linguistic communication ­ they are signals for how to construct the context set, or under which entries to classify the new proposition » (ibid. : 24). Cette définition de l'à propos pragmatique est au coeur de la notion de link chez Vallduví 1992. A la différence de Vallduví, Reinhart ne traite pas le thème de phrase à l'intérieur de la structure informationnelle ; à la différence de beaucoup d'approches pragmatiques traditionnelles, elle ne pose pas une articulation particulière du contenu de la phrase (l'articulation topic-commentaire). Elle postule une organisation bi-partite de l'énoncé, qu'elle appelle assertion pragmatique (PA en anglais) ; elle l'analyse comme une paire <α,φ> où α est la dénotation du thème de phrase et φ la proposition véhiculée par la phrase. Par exemple, (10) s'analyse comme (11) ; (11) est présenté de façon informelle :

(11) <Dénotation de les fleurs, ‘Pierre a donné les fleurs à Marie’>

Reinhart pose que le thème ainsi défini intervient dans deux mécanismes sémantique et discursif : l'évaluation de la valeur de vérité de la proposition (assess) et le stockage de l'information nouvelle (store). « Assess by what you already know about the topic ; store under an entry corresponding to this topic » (ibid. : 24). Les propositions que les interlocuteurs acceptent, nourrissent les entrées thématiques de leurs ensembles contextuels respectifs, ce qui est censé rendre compte de l'effet d'à propos. Les énoncés indexés augmentent le savoir spécifique qui pourra être mobilisé pour l'évaluation des propositions à venir. Ce qui permet de rendre compte du contraste en (4) : on évalue (4a) sur la base de ce que l'on sait du roi de France, alors qu'on évalue (4b) sur la base de ce que l'on sait de l'exposition en question.

Erteschik-Shir 1997 radicalise l'idée selon laquelle le thème est défini par son rôle dans l'évaluation des contenus propositionnels : « the topic has a semantic function: it acts as a restrictor as to when, where or with respect to who or what, the truth value of the predication is to be evaluated » (ibid : 130). De ce point de vue, on doit considérer comme des thèmes l'adverbe et la conditionnelle en (12) :

(12) a. Légalement, Pierre est coupable
b. Si tu ne viens pas, le quorum en sera pas atteint

Critique

La proposition de Reinhart dépend crucialement de sa conception du fond commun et, de fait, de la métaphore du catalogage thématique. On lira pour une critique de fond de cette métaphore Hendricks (sd) (l'article est dirigé contre la notion de link proposée par Vallduví, mais les critiques valent tout aussi bien pour le thème selon Reinhart). De toute manière, on observera que la proposition pose que l'organisation du fond commun détermine directement l'organisation du discours. Or, rien n'est moins sûr : il n'est pas évident de soutenir qu'une différence dans l'organisation des segments de discours (par exemple, (6a) vs (6b)) reflète une différence d'organisation de la vision que le locuteur se fait du fond commun qu'il partage avec son interlocuteur. Pour le moins, toute justification s'enferme dans un cercle vicieux, puisque le seul moyen qu'on se donne pour accéder à la structure de l'ensemble contextuel du locuteur est précisément le discours de ce locuteur.


Analyse prototypique (Jacobs 2001)

Jacobs renverse la problématique et interroge la pertinence même de la notion de thème de phrase. Il part du constat qu'on l'utilise pour décrire / analyser des constituants dans des tours qui sont différents les uns des autres. Par exemple, en allemand, dans les tours de (13). Dans (13) et les autres exemples de Jacobs, les signes «\ » et « / » indiquent un contour accentuel descendant ou montant respectivement.

(13) a. La phrase catégorielle (vs : thétique) : /PEter \SCHLÄFT (Peter dort)
b. La dislocation gauche avec élément démonstratif : /Peter, der kommt \MORgen (Peter, ce type vient demain)
c. La dislocation gauche avec élément anaphorique : \Peter, ich habe ihn heute nicht ge \ TROfen (Peter, je ne l'ai pas rencontré aujourd'hui)
d. Le thème suspendu (hanging topic) :Was Peters Ge/ BURTStag bestriff, so habe ich keine Idee für ein Ge \SCHENK (L'anniversaire de Peter, je n'ai pas la moindre idée de cadeau)
e. La topicalisation intonative (I-topicalization) : \/ Jeden Freund Peters kenne ich \ NICHT (quant à chaque ami de Peter, je ne les connais pas)

La question est bien de savoir si la notion de thème a le même contenu quand on l'emploie pour décrire / analyser chacun des GN souligné dans les énoncés de (13).

Analyse de Jacobs

Jacobs propose d'analyser la notion de thème comme une ressemblance de famille qui met en jeu quatre dimensions sémantico-pragmatiques :

(14) a. La séparation informationnelle
b. La prédication
c. L'adressage
d. Le cadrage (frame-setting)

Il ajoute une caractérisation formelle, qui relève de la dimension de l'ordre des mots, commune à tous les tours de (13) :

(15) La catégorie de thème ne s'applique qu'aux XP qui se trouvent dans la marge gauche de l'énoncé : plus exactement, aux XP qui précèdent le verbe et ses dépendants dans leur position canonique.

Il arrive à la conclusion que la dislocation gauche avec élément démonstratif (13b) est la construction présentant un thème prototypique en ce qu'elle est caractérisée par trois des quatre dimensions définies en (4) —­ séparation, prédication, adressage —­ et qu'elle est compatible avec la quatrième, le cadrage. Le sujet catégorique (13a) est moins prototypique en ce qu'il n'est caractérisé que par deux dimensions —­ séparation, prédication —­, qu'il est compatible avec la troisième —­ l'adressage —­ et incompatible avec la quatrième : le cadrage. On recommande la lecture de cet article pour le détail de l'analyse des autres constructions. On examine dans les paragraphes suivants chacune des dimensions distinguées par Jacobs en (14) et (15) pour en interroger la pertinence. On le fait en prenant pour exemple des tours en français, correspondant plus ou moins aux tours étudiés par Jacobs en allemand. Entre autres :

(16) a. L'opposition entre phrase (à proposition) thétique et phrase (à proposition) catégorique
b. La dislocation gauche
c. Le thème suspendu
c. L'extraction ou le détachement à gauche d'un syntagme prépositionnel (GP)
d. L'accent C
e. Les syntagmes prépositionnels en tête de phrase

Séparation informationnelle

Définition

Jacobs donne la définition suivante :

(17) In (X,Y), X is informationally separated from Y iff the semantic processing of utterances of (X,Y) involves two steps, one for X and the other for Y (ibid. : 645).

Il l'illustre avec la phrase catégorique : selon Jacobs, l'interprétation de la phase (18a) met en jeu deux étapes, l'une pour le sujet et l'autre pour le prédicat. Cette analyse est pour lui évidente (« undoubtedly », ibid. : 645). Cela correspond à la description habituelle de la phrase catégorique (vs thétique) : « dans un jugement catégorique l'existence [du sujet] est posée préalablement, avant de procéder à la prédication » (d'après Ladusaw, 1994 : 255). Jacobs soutient l'analyse par la comparaison de la prosodie de (18a) vs (18b) : dans (18a), on observe deux accents (notés / et \), alors qu'il n'y a qu'un seul accent dans (18b) tombant sur le GN sujet.

(18) a. /PEter \ SCHLÄFT (Peter dort)
b. Die Poli \ ZEI kommt (la police arrive)

La différence accentuelle marque iconiquement le fait que (18a) comporte deux unités de contenu au statut distinct et (18b) une seule : dans (18b), « the event is described at one fell swoop, without separating reference to an entity from what is said about the entity » (ibid. : 646).

Problème.

On peut douter que la description prosodique que Jacobs donne de l'allemand soit valide pour le français pour les tours équivalents. Considérons (19) qui met en jeu deux énoncés all focus dans le récit auxquels on peut appliquer le contraste interprétatif « thétique vs catégorique » : (19a) est catégorique et (19b) thétique. Leur réalisation prosodique est identique en français.

(19) a. [Quand elle entra dans la pièce,] notre héros se leva
b. [Quand elle entra dans la pièce,] les cloches sonnaient

On connaît des effets de partitionnement dans la réalisation prosodique des énoncés en français liés au statut informationnel des constituants, par exemple dans les clivées de (20) : le signe « ] » indique l'ancrage du contour nucléaire. L'énoncé (20a) présente deux domaines intonatifs, alors que (20b) n'en présente qu'un seul, ce qui correspond à un énoncé où avec des fleurs est en focus étroit en (20a) et un énoncé all focus en (20b). Ce type de partition est caractéristique de l'articulation fond-focus et non d'un quelconque statut de topic (entre autres, Doetjes et al. 2004).

(20) a. C'est avec des fleurs] que Pierre a reçu Marie
b. C'est avec plaisir que je vous recevrai ]

Mais, plus profondément, on peut douter de la définition donnée en (17). Le même type de description (informelle) peut être appliqué aux énoncés présentatifs, c'est-à-dire aux énoncés dont on admet qu'aucun constituant ne peut jouer le rôle de thème de phrase. C'est le cas des constructions en (20) :

(20) a. [A. : Qu'est-ce que tu as ?] B. : J'ai Marie qui me fait une angine
b. [Au téléphone.] A. [qui entend un bruit au loin] : Qu'est-ce qui se passe dans ton escalier ?]

B. : C'est le voisin du 3ème qui rentre

On analyse traditionnellement (et informellement) ces tours comme introduisant dans l'univers de l'interaction un référent de discours (si on raisonne en termes de conscience des locuteurs, on peut aussi dire : rendant actif un RD) et, dans un deuxième temps, décrivant une éventualité dans laquelle il joue un rôle. Cette description a autant de plausibilité que celle qu'on associe aux énoncés catégoriques. Il faudrait donc complexifier la dimension et dire que la séparation informationnelle met en jeu des RD au statut informationnel distinct : ancien pour le thème, nouveau pour l'anti-topic (Marie, le voisin du 3ème en (20)). Mais, on a vu les difficultés de ce genre d'approche ci-dessus. De plus, contrairement à ce qui est généralement reçu, il n'est pas vrai que le RD associé au sujet grammatical dans la phrase à interprétation thétique doive être nécessairement « nouveau » : le RD introduit par les cloches en (19b) est un GN accessible (ce que reflète son emploi avec le défini, qu'on analyse comme un défini faible) et il est généralement admis que les RD accessibles se comportent comme les GN anciens (Lambrecht 1994). On peut donc mettre en doute qu'il y ait une corrélation univoque entre la réalisation prosodique et « la séparation informationnelle » (qu'il n'y en ait pas en français semble assuré) et que la notion même de séparation informationnelle puisse être rendue opérationnelle pour décrire / analyser un constituant avec un statut particulier dans l'énoncé.

La prédication

Définition.

Jacobs adopte une définition tout à fait particulière de la notion de prédication, qu'il illustre avec le XP qui occupe le Vorfeld dans la phrase racine de l'allemand :

(21) In (X,Y), X is the semantic subject and Y the semantic predicate iff (a) X specifies a variable in the semantic valency of an element of Y, and (b) there is no Z such that (i) Z specifies a variable in the semantic valency of an element in Y and (ii) Z is hierarchically higher in semantic form than X (ibid. : 647).

La contrainte (ii) doit être précisée : elle correspond, de fait, à une contrainte de nature syntaxique exprimée en termes de c-commande : si A c-commande B, alors A contribue un élément qui est sémantiquement supérieur à B. C'est l'analyse qu'adopte Jacobs pour le GN objet der Polizei dans l'énoncé (22) : der Polizei est le sujet sémantique de (22) :

(22) Der Poli/ZEI miss\TRAUT er
il se méfie de la police

C'est également le cas pour le PP in der Küche dans (23), dès lors que l'on admet qu'une variable d'événement est introduite par le verbe tête (et, pour respecter la clause (a) de la définition en (21), dans la valence du verbe) :

(23) In der / Küche hat Peter Ge\SCHIRR gespült
dans la cuisine Pierre a fait la vaiselle

Tout XP occupant le Vorfeld n'est pas un sujet sémantique : c'est le cas des XP qui sont des ajouts et qui sont analysables comme des modifieurs : mit sicherheit en (24). Ils ne sont pas des « sujets sémantiques » car ils ne spécifient pas une variable dans la valence associée au verbe.

(24) Mit /SICHerheit wird Peter \ZUstimmen
certainement Peter acceptera

On notera qu'en (24), le modifieur présente la même réalisation prosodique que les XP qui sont des sujets sémantiques (selon Jacobs). La situation est donc différente de celle de (18) où les NP sujets syntaxiques sont, tous deux, des sujets sémantiques au sens de (21), mais présentent une accentuation différente. Ce qui confirme bien qu'il y a indépendance du marquage prosodique (du corrélat présumé de la séparation informationnelle) et du statut de sujet sémantique.

Problème.

La définition (21) pose plusieurs problèmes. Elle implique qu'il n'y ait qu'un seul sujet sémantique par phrase (ce qui correspond, par ailleurs, à une contrainte syntaxique connue du Vorfeld en allemand). Cela implique par exemple que, dans le cas d'une dislocation gauche en français ­ qui pourrait être analysée en utilisant cette notion de prédication telle que définie en (21) ­lorsqu'il y a plusieurs XP disloqués, seul le premier XP soit un sujet sémantique : les gâteaux au chocolat en (25a), Marie en (25b). Il n'est pas clair que cette distinction corresponde à quoi que ce soit au plan sémantique ou pragmatique.

(25) a. Les gâteaux au chocolat, Marie, elle n'en mange plus
b. Marie, les gâteaux au chocolat, elle n'en mange plus

De manière générale, l'ensemble des constituants extraits peuvent être analysés comme des sujets sémantique : l'interrogatif quelle personne en (26a) ou les GP en (26b) et (26c) sont des sujets sémantiques.

(26) a. Quelle personne Marie a-t-elle rencontrée à Paris ?
b. A Marie, Pierre n'a jamais parlé
c. Sur la place se dresse une cathédrale

Dans la mesure où la prédication est un des composants du prototype du thème, on doit donc conclure que le XP interrogé dans une interrogative participe de ce prototype au même titre qu'un GP extrait dans une déclarative. Cette conclusion est quelque peu paradoxale au regard de la théorie informationnelle habituelle, puisque, si on parle de thème pour à Marie en (26b), on rapproche plus volontiers l'interrogatif du focus (quelle personne en (26b)). Par ailleurs, le tour en (26c) (ou inversion locative) a été décrite comme une construction à antitopic ; il n'est pas usuel d'analyser (sur) la place en (26c) comme un thème de phrase.

Telle que la dimension est définie en (21), on est obligé de conclure :

  • ­ que la dimension de prédication s'applique aussi bien à des XP qui peuvent donner lieu à des thèmes qu'à des XP qui ne peuvent pas donner lieu à des thèmes (sur la place en (26c). Si c'est bien le cas, cette dimension devrait être retirée du noyau de critères qui définit le prototype du thème.
  • ­ qu'elle s'applique aussi bien au sujet catégorique qu'au sujet thétique en (18). On s'attendrait pourtant qu'elle dise quelque chose de ce contraste, puisqu'il met en jeu le type de la proposition. Cela conduit à douter de la pertinence de cette dimension (telle qu'elle est définie) pour analyser les énoncés ici considérés.

L'adressage

Définition.

Jacobs isole sous le nom d'adressage le mécanisme de stockage défini par Reinhart pour rendre compe de la notion d'à-propos pragmatique (cf. § 3.1. ci-dessus).

(27) In (X,Y), X is the address for Y iff X marks the point in the speaker-hearer knowledge where the information carried by Y has to be stored at the moment of the utterance (X,Y) (ibid. : 650).

A la différence de Reinhart, Jacobs insiste sur le fait que seuls les GN référentiels peuvent fonctionner comme une adresse : « addressation is incompatible with nonspecific, quantified, and negative phrases » (ibid. : 652).

Commentaire.

Mesurons les implications de la définition (27) quand on l'applique à la dislocation gauche du français pour laquelle elle semble pertinente à première vue. On observe que la dislocation gauche du français admet des GN quantifiés universellement (28) et négativement (29). On doit donc admettre que la dislocation gauche est simplement compatible avec un fonctionnement d'adressage du XP disloqué.

(28) a. Tout étudiant qui demandera à être reçu, je le recevrai dans les meilleur délais.
b. Quiconque réussit à prononcer une phrase correcte, on le félicite pendant des heures.
c. En début d'année, chaque étudiant, Pierre le reçoit pendant une heure et lui propose un parcours de cours.
(29) a. Aucun de ces livres, je ne l'ai lu / je ne les lirai
b. Personne de sa classe, Pierre n'en dit du bien
b′. Personne de sensé, il ne lui viendrait à l'esprit de dire une chose pareille
c. Rien de ce que j'ai dit, je ne le redirais / je ne le renie

Si on admet cette analyse, on devrait alors constater que les dislocations gauche mettant en jeu un GN quantifié universellement ou négativement se comportent discursivement de façon très différente des dislocations mettant en jeu un GN référentiel et, par hypothèse, un thème et une fonction d'adressage. Il n'est pas évident que cette prédiction soit vérifiée.

Comme pour la dimension de prédication, la définition (27) ne prévoit qu'une seule adresse : comment alors décrire/analyser l'occurrence de plusieurs XP disloqué (cf. (25) ci-dessus) ? Il n'est pas très satisfaisant de penser que cela reflète un emboîtement d'entrées : il n'est pas évident que (25a) et (25b) manifeste une différence hiérarchique entre l'entrée indexée par Marie et l'entrée indexée par les gâteaux au chocolat. Il semble plutôt que ces énoncés soient à propos des relations qu'entretiennent Marie et les gâteaux au chocolat, c'est-à-dire un thème qui ne correspond pas sémantiquement à un individu.

De manière générale, les critiques qui ont été signalées à l'encontre de la définition de Reinhart au §3.2 ci-dessus, valent aussi pour cette dimension d'adressage. Elle dépend étroitement du cadre d'analyse qui permet sa formulation, et en particulier de la métaphore du catalogue pour décrire le fond commun. Si on devait montrer que cette métaphore n'est pas pertinente pour décrire le discours, elle deviendrait ipso facto caduque.

Cadrage (frame-setting)

Définition

La dimension du cadrage correspond au mécanisme de relativisation à une dimension mise en jeu dans l'évaluation des contenus propositionnels.

(30) In (X,Y), X is the frame for Y iff X specifies a domain of (possible) reality to which the proposition expressed by Y is restricted (ibid. : 656).

Jacobs donne deux illustrations :

(31) a. Körperlich geht es Peter gut
Physiquement, Pierre va bien
b. In Fall eines Sieges wird die Mannshaft eine Belobigung durch den Staatspräsidenten erhalten
En cas de victoire, l'équipe recevra une XX du président

Selon Jacobs (ibid. : 656), la vérité ou la fausseté d'une proposition ne dépendent pas de l'adressage, alors qu'elles dépendent crucialement du cadrage : en (31), la proposition selon laquelle Pierre va bien n'est vraie que dans la dimension physique (il peut aller très mal au plan psychologique). Si on suit cette glose, il faut expliquer le contraste en (4) ­ contraste qui est à l'origine de la proposition de Reinhart­ non pas en termes d'à-propos et de stockage, mais spécifiquement de cadrage : s'il est vrai que la vérité de (4a) dépend de ce que l'on sait du roi de France, le roi de France doit être analysé comme une expression cadrative.

Critique

On a proposer d'analyser comme des thèmes de phrase les GP de lieu ou de temps antéposés (32a) ou les conditionnels (32c). Charolles 2003 montre que c'est précisément parce qu'ils mettent en jeu cette dimension de cadrage. Autrement dit, ce qu'ils ont en commun, c'est d'introduire un point de vue du locuteur et de relativiser la vérité de la proposition ou la factualité de la description exprimée dans l'énoncé.

(32) a. Dans l'entrée, Paul a posé son chapeau. [Puis, il ...]
b. Si Marie appelle, je descendrai

Il insiste sur le fait que la perspective introduite ne vaut pas pour le seul énoncé où ils apparaissent, mais pour un segment homogène de texte. Précisément, la perspective contribue à définir ce segment et en quoi il est homogène. La dimension continue à valoir pour les énoncés qui s'enchaînent jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par une autre. Autrement dit, la dimension de cadrage est à la jointure de l'énoncé et de la séquence d'énoncés. Elle requiert donc qu'on l'articule au fonctionnement du discours et non de la seule phrase (comme l'implique la notion d'articulation thème-commentaire). De plus, on doit noter que le cadrage ainsi défini n'est en rien lié à la marge gauche de l'énoncé (cf. (15) ci-dessus). Prenons des équivalents en français de (31) : les expressions légalement et en cas de poursuite ont le même effet de cadrage qu'elles se trouvent dans la marge gauche ou pas. En (33), on a un paradigme de constituants incidents.

(33) a. Légalement/en cas de poursuite, Pierre ne peut plus être accusé
b. Pierre, légalement/en cas de poursuite, ne peut plus être accusé
c. Pierre ne peut plus, légalement/en cas de poursuite, être accusé

Synthèse

On retiendra de l'analyse de Jacobs que la notion de thème est un caméléon qui change de contenu selon les constructions où on l'emploie. On peut ne pas être convaincu par les cinq dimensions qu'il isole dans la notion de thème (cf. (14) et (15)) : la séparation informationnelle , la prédication , l'adressage renvoient à des constructions théoriques dont on peut interroger le bien-fondé. Le cadrage est une dimension certainement pertinente pour analyser certaines constructions de (14) et (15), mais elle renvoie plus au discours qu'à la phrase. Ce que confirme sa nature de sens instructionnel (voir Potts 2006, Portner (à par.) pour des propositions suggestives récentes).

Mais, il est certain que la perspective ouverte par Jacobs demeure la seule pertinente : il faut étudier chaque construction pour isoler ce que capte de façon trop lâche la notion de thème et décider si on a intérêt à maintenir une catégorie prototypique de thème pour analyser les constructions que l'on a rassemblées sous (13) en allemand et (16) en français. On indique brièvement quelques pistes d'analyse pour les constructions de (16).

—­ l'opposition « thétique-catégorique ». L'opposition se situe au plan sémantique. Elle renvoie à deux types de proposition distincts (parfois appelés russelien vs austinien) : la proposition catégorique met en jeu l'attribution d'une propriété à un individu, alors que la proposition thétique met en relation une description et une situation (entre autres Kim 1998). Cette opposition est orthogonale à la dimension informationelle (même s'il y a une affinité entre énoncé all focus et énoncé véhiculant une proposition thétique). ­ — On peut rapprocher de façon générale la dislocation gauche et l'antéposition gauche du groupe prépositionnel sous le chef du cadrage. Dans les deux cas, il y a introduction d'une perspective sur la description de l'éventualité et la validité de la proposition. Cette perspective n'est pas limitée à l'énoncé ; elle vaut tant qu'elle n'est pas suspendue. D'où leur effet cohésif (Charolles 2003).

La perspective associée à un GN dans la dislocation gauche se rapproche des phénomènes d'empathie définis par Kuno 1972 : en (34a), le locuteur décrit la situation en mettant au premier plan les fleurs, alors qu'en (34b), il décrit la situation en l'organisant autour de Pierre.

(34) A. : A qui Pierre a-t-il donné les fleurs ?
B. : a. Les fleurs, Pierre les a données à Marie
b. Pierre, il a donné les fleurs à Marie

Par contre, la perspective associée aux différents types de GP se rapproche davantage de ce que Jayez 2006 appelle « a respect » : « a respect is a viewpoint that a speaker adopts to draw a certain conclusion or to refer to a domain of relevance » (Jayez, 2006 : 178).

—­ Il semble bien que le potentiel discursif de l'extraction de GP (topicalisation syntaxique) (35a) et celui de la dislocation gauche (35b) soient distincts.

(35) a. A Bernadette, je ne donnerai rien
b. Bernadette, je ne lui donnerai rien

Beyssade et al. (2004) rapprochent l'extraction de GP de l'accent C en français (un cas de « topicalisation intonative ») : le terme extrait (36a) et le terme accentué (36b) introduisent la référence à des alternatives (un ensemble de personnes pertinent dans le contexte, auquel Bernadette appartient), ce qui confère un effet implicatif aux énoncés où ils apparaissent : l'énoncé présente le locuteur comme impliquant quelque chose à propos d'autres personnes que Bernadette). De ce point de vue, l'accentuation C peut aussi être rapprochée de certains emplois des pronoms toniques (36c) (Ronat 1979) :

(36) a. A Bernadette, je ne donnerai rien
b. Je ne donnerai rien à BERnadette
c. Je ne donnerai rien à Bernadette, à elle

Lorsqu'on conçoit le thème de discours comme une hiérarchie de questions (Büring 1997, Beyssade et al. 2004), ces trois formes peuvent être analysées comme introduisant des sous- questions dans la question définissant le thème principal, ce qui a pour effet de ramifier le développement du thème de discours. Dans le même modèle, la dislocation gauche est associée à un tout autre impact : elle ne modifie pas la question thématique, elle signale la perspective que le locuteur adopte pour la développer.

Si on admet ces quelques éléments d'analyse, on ne voit pas pourquoi garder une catégorie prototypique de thème de discours.

Références

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